Menu
Libération

Guerre de label.

Article réservé aux abonnés
publié le 19 avril 1999 à 0h46

Avec le départ de Séguin, le RPR a perdu sa «garantie gaulliste»,

dit Pasqua qui prétend incarner le label. Pas du tout, la «garantie gaulliste» c'est Chirac, rétorque Sarkozy. Un bel échange que l'on peut aussi résumer de la sorte: Pasqua estime que Sarkozy n'a pas une tête de gaulliste et Sarkozy trouve que Pasqua n'a pas une tête de garantie. Une querelle d'héritage dérisoire mais révélatrice de la dégénérescence du RPR: quand un mouvement se bat davantage sur sa relation au passé que sur son projet, c'est qu'il est en mal d'identité. Et il l'est. Séguin, d'une certaine façon, était l'exact reflet de ce RPR malade d'osciller entre l'ancien et le nouveau, le mythe et la réalité. Entre la mélancolie d'une France gaulliste qui faisait semblant de s'être libérée toute seule du joug nazi et le constat d'une nation qui, dans un monde devenu global, ne peut être grande qu'en s'intégrant ­ le contraire de se désintégrer ­ à une Europe à même de rivaliser avec les Etats-Unis. Ces contradictions, l'ancien contempteur du traité de Maastricht, rallié tardif à l'euro, n'a pas su les trancher, pris entre sa fidélité à son enfance et l'époque. D'où son mal-être politique et affectif chaque jour plus patent. Son départ a le mérite de clarifier la donne: le débat, plus que jamais, est bien entre repli nationaliste ou intégration européenne. Il n'y a pas place pour la demi-mesure. Et donc guère d'espace entre Pasqua le souverainiste et Bayrou le fédéraliste. C'est le malheur de Sarkozy, po