Une frite d'enfer. François Bayrou sifflote, sifflote, et ses
proches se retiennent de déboucher le champagne. Traité comme un minus par le RPR et DL depuis des mois, le président de l'UDF voit maintenant les mêmes venir le draguer et le supplier de les sortir du bourbier dans lequel les a entraînés Philippe Séguin en les lâchant en rase campagne. Après avoir accumulé les échecs, l'ancien ministre de l'Education nationale n'est pas du genre à bouder son plaisir. Et a l'intention de le faire durer.
En posant dimanche soir ses conditions à une liste unique de la droite aux européennes, il a fait grimper si haut les enchères sur une Europe fédérale que le RPR a du mal à le suivre. D'où son sourire. «On reste plutôt sur l'idée de faire notre liste, dit un de ses conseillers, une liste commune reviendrait à faire monter celle des souverainistes de Pasqua à 20%. Le RPR et DL n'ont qu'à se débrouiller tout seuls.»
Pourtant, Bayrou devra d'abord convaincre ses troupes de continuer cette stratégie en solo lors d'un bureau politique de l'UDF ce matin. Adoubé par Raymond Barre, qui rejette toute «union bidon», il ne devrait pas trop ramer, même si certains centristes craignent de porter le «mistigri de la division». «Les positions de Philippe Séguin, opposant à Maastricht, étaient le principal obstacle à la présentation d'une liste UDF-DL-RPR. Sa démission nous oblige à reconsidérer la situation», a estimé, hier, Pierre Méhaignerie, président du conseil général d'Ille-et-Vilaine. Projet