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Libération
Interview

Stéphane Rozès est directeur de CSA-Opinion. «Bayrou est sous le feu d'une tension contradictoire».

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publié le 20 avril 1999 à 0h45

Alors que le RPR fait le forcing pour une liste unique, l'opinion

est-elle prête à suivre François Bayrou s'il persiste à présenter une liste séparée?

La liste unique pose la question de l'existence d'une sensibilité centriste constituée et identifiée politiquement. Avec la crise rhônalpine, François Bayrou a redécouvert qu'il y a 8% des Français qui se reconnaissent dans un courant centriste. Ce courant fait le constat, pour s'en affliger, de la division de la droite, mais, somme toute, trouve justifié que l'UDF coure sous ses propres couleurs. Dès lors, Bayrou est pris sous le feu d'une tension contradictoire. D'une part, le peuple de droite est par définition favorable à une liste unique. D'autre part, la simple existence d'une liste Pasqua-Villiers développant les thèmes souverainistes est une incitation pour lui à vouloir persévérer à affirmer une identité fédéraliste et européenne excessivement forte.

Entre ces forces contradictoires, François Bayrou peut-il choisir sans se couper d'une partie de son électorat?

Il peut placer la barre très haut. Ce n'est pas lui qui est demandeur, et son électorat ne comprendrait pas qu'il brade ses convictions européennes au nom de l'union de la droite. Tout ce qu'il a dit ce week-end vise à inciter le RPR et DL à se rapprocher de ses convictions à lui, de faire en sorte que l'enjeu européen du prochain scrutin domine les considérations de politique intérieure. D'ailleurs, jusqu'à ce qu'éclate la crise du Kosovo, les électeurs RPR-DL étai