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Libération
Portrait

Le président de la région revendique sa différence. Indépendantiste martiniquais en mal de reconnaissance.

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publié le 21 avril 1999 à 0h23

Un «drôle de zouave». Ses collègues députés de l'Assemblée nationale

n'en diront pas plus, qui affirment ne guère lui prêter attention. Lorsque le «patriote martiniquais» Alfred Marie-Jeanne prend la parole dans l'hémicycle, ils écoutent dans l'indifférence son accent créole égrener un sempiternel refrain sur le «colonialisme français». Au ministère de l'Outre-Mer, celui qui est aussi président indépendantiste du conseil régional de la Martinique depuis maintenant un an se fait plutôt rare. Une poignée d'entretiens avec le secrétaire d'Etat, Jean-Jack Queyranne, pour régler des dossiers locaux et c'est tout. Cet hiver, Alfred Marie-Jeanne ne s'est cependant pas fait prier pour aller déjeuner à la table du Premier ministre en compagnie d'autres parlementaires des DOM-TOM. Paris a compris son «désir de reconnaissance, son besoin d'être pris au sérieux» et ne se prive pas d'en jouer.

Sans complexe. A l'aise dans la contradiction, le patron du Mouvement indépendantiste martiniquais (MIM), qui se dit «homme de gauche», endosse donc sans complexe les costumes d'élu d'une République qu'il combat. Pour mieux tracer son sillon: «Etre indépendantiste, ce n'est ni lâcher des bombes, ni fusiller des gens. C'est conduire une politique d'information, d'éducation, pour mobiliser le peuple autour de la question identitaire.»

Chatouilleux lorsqu'on aborde la sincérité de ses convictions, il se retient pour ne pas exploser et lâche mécaniquement: «La Martinique est occupée militairement, aliéné