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Libération

Krivine et Laguiller soignent leur ménage. Leur liste d'union conduit les deux partis trotskistes à des concessions.

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publié le 23 avril 1999 à 0h25

Ils se côtoient, mais ne se mélangent pas. Se chamaillent parfois

pour des queues de cerises comme deux collégiens en goguette mais ne se fâchent jamais. C'est le couple version moderne, uni mais sans geste tendre en public. Complices souvent, indépendants toujours. Une union très libre et électoraliste mais pas encore contractualisée. Entre Arlette Laguiller, figure médiatique de Lutte ouvrière (LO), et Alain Krivine, porte-parole de la Ligue communiste révolutionnaire (LCR), co-chefs de file de la liste de l'extrême gauche pour les élections européennes, les clivages, dignes d'une querelle d'héritage dans une famille corse, ne s'estompent jamais, s'assument toujours et reviennent sur le tapis souvent.

Après exactement vingt meetings en commun, les duettistes du trotskisme se sont forgé des réflexes de vieux couple. Peu de temps avant de monter à la tribune, ils se concertent brièvement, histoire de caler leurs deux interventions et d'éviter les redites. Puis chacun se retire dans son coin. Arlette Laguiller sandwiche frugalement, eau et jus d'orange, avec ses camarades qui ont prévu un petit «en-cas». Alain Krivine répond à toutes les sollicitations des «copains» d'AC! (Agir contre le chômage!), de Sud ou de Ras l'front, venus faire le «point des luttes en cours» ou demander un conseil. Lui préfère casser la croûte après. Pas de copinage. Les militants suivent l'exemple. Il y a deux semaines, à Tarbes, les quelque cinquante membres du bataillon LO mobilisé pour faire nombre