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Libération
Interview

«Deux FN et deux manières de voter».

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Nonna Mayer, directrice de recherches au CNRS.
publié le 24 avril 1999 à 0h26
(mis à jour le 24 avril 1999 à 0h26)

Directrice de recherches au CNRS, Nonna Mayer publie Ces Français qui votent FN (1). Dans cette étude fouillée, elle met notamment l'accent sur «la double nature» d'un électorat frontiste divisé en deux catégories: l'une «droitière» et bourgeoise, l'autre «niniste», ni à gauche, ni à droite, populaire et protestataire. Une coupure à la base qui est également à l'origine du divorce au sommet de Bruno Mégret et Jean-Marie Le Pen. Interview.

Outre l'opposition de deux chefs et de deux stratégies, la scission du FN résulte aussi d'une fracture électorale en son sein.

Tout à fait. L'électorat du FN est traversé par une fracture profonde qui a précédé, nourri et renforcé la fracture partisane entre Le Pen et Mégret. Il y a deux manières profondément différentes de voter FN. La première, c'est un vote de droite qui concerne des électeurs élevés dans des familles de droite, qui se disent de droite et qui ont des convictions idéologiques de droite. Ils votent FN parce qu'ils trouvent que la droite modérée n'est pas assez dure. Un bon tiers d'entre eux a d'ailleurs hésité, aux législatives de 1997, entre choisir le candidat FN et celui de la droite modérée. Un deuxième groupe, que j'appelle «niniste», vote pour des raisons radicalement opposées. Il se définit d'abord comme ni de gauche, ni de droite: c'est un électorat protestataire, déboussolé, dépolitisé, qui rejette dos à dos gauche et droite. Le premier est plutôt un vote «pour», alors que le second reste un vote «c