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Libération

Pour les pauvres de Caen, l'assurance maladie n'est plus un dédale. Depuis dix ans, une cellule les aide à obtenir une couverture sociale.

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publié le 27 avril 1999 à 0h28

Caen, envoyé spécial.

Le sac que Colette Perrine garde précieusement sur ses genoux contient les pièces justificatives des quinze dernières années de sa vie. Un jugement des prud'hommes de Caen (Calvados) qui lui donne raison après un licenciement. Un autre jugement, en appel, qui la déboute. Des feuilles de paye, des relevés Assedic d'allocations de chômage, sa carte d'assurée sociale, sa carte d'assurance complémentaire santé. Et les papiers de sa vieille Citroën AX.

Ces documents racontent un divorce, la recherche d'un travail après des années de mère au foyer, un emploi de vendeuse dans une solderie, un salaire qui atteindra jusqu'à 7 000 francs par mois, un appartement loué 1 500 francs, un crédit de 1 400 francs par mois pour l'auto, un équilibre économique précaire. Et puis les problèmes de santé et le licenciement pour «inaptitude» en 1995. Pendant trois ans, Colette Perrine se bat sans obtenir sa réintégration. A 54 ans, il lui reste 3 000 francs d'allocation de chômage, qu'elle complète par un petit boulot qui lui rapporte 767 francs. Il lui a fallu choisir: l'appartement ou la voiture. Elle a gardé l'AX, pour «si je retrouve un travail». Ses quatre enfants l'hébergent à tour de rôle et sa mère lui sert de boîte aux lettres. Elle a aussi choisi de conserver son assurance complémentaire santé qui lui coûte 335 francs par mois, «parce que, quand on tombe malade, ça peut coûter très cher».

Souplesse. Il y a quelques jours, elle a composé le 08.00.814. 814, numéro vert «S