Avec le projet de «couverture maladie universelle» s'ouvre pour la
première fois depuis longtemps une réflexion de fond sur le système de protection sociale à la française. Trop souvent, les débats sur l'assurance maladie ont tourné au marchandage comptable entre les cotisants (salariés et employeurs), les professionnels de santé et les assurés. Le tout arbitré par des pouvoirs publics avant tout soucieux de ne pas aggraver les déficits publics, dans un système où quelques francs de remboursement ou de cotisation en plus ou en moins se chiffrent à l'arrivée en milliards.
Cette fois, l'aspect financier n'est pas, malgré les apparences, l'enjeu essentiel. Non seulement les 9 milliards que coûtera la CMU sont à rapporter aux 610 milliards de dépenses de santé remboursées l'an dernier, mais la dépense finale pour l'Etat sera, au bout du compte, de 1,7 milliard, le reste étant financé par des transferts. Si le résultat est d'amener une partie des bénéficiaires à se faire soigner avant d'en être réduits à une hospitalisation d'urgence, l'investissement est socialement et même économiquement rentable.
Le véritable enjeu du débat sur la couverture maladie universelle est celui des acteurs: qui garantit quelle population contre quels risques? Dans le système libéral à l'américaine, les soins d'assistance élémentaires sont à la charge de l'Etat, les autres ressortent de l'assurance privée. Système profitable mais générateur d'injustice: l'Etat joue la voiture-balai dans un système de sa