Ce qui surprend, c’est sa façon de parler. Comme une politesse surjouée et peu crédible. Comme si toute conversation était un sketch. Du coup, quand il parle politique, et ça lui arrive souvent ces temps-ci, ça prend des allures de pastiche. Une heure passe sur le même ton monocorde, on finit par se dire que cette voix de speaker Gaumont des années 50, c’est la vraie voix de Dieudonné. «Il n’est pas politicien, donc pas forcément adroit, dit le comédien et vieux copain des débuts, Jacques Courtès. Mais, au moins, il tient à ce qu’il dit.» Et ce qu’il dit lui vaut des ennemis, à la télé, dans le show-business ou chez ses voisins. Dieudonné est un emmerdeur. A force de chercher des noises à tout le monde, il en récolte en retour, sur sa fortune et son «affairisme» pour les plus posées, sur sa couleur de peau et son exploitation de la misère des cités pour les plus nauséabondes.
Docteur Dieudo est un comique, habillé jeune, ouvert sur les problèmes d'intégration et de racisme. Pendant ce temps-là, mister Dieudonné claque la portière de sa Mercedes S500 et gère son entreprise, Bonnie Production, avec fermeté et professionnalisme. Lequel des deux l'emporte? Sa petite enfance ne l'a pas vraiment formaté à devenir un winner revanchard. Né d'un père camerounais expert-comptable et d'une mère bretonne et sociologue, il a grandi entre Fontenay-aux-Roses et Verrières-le-Buisson, banlieue parisienne sans cité, ambiance gentiment bourgeoise de gauche: «Chez nous, on n'était pas trop gaull