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Libération

En campagne à Moissac. Les leçons de Dany nostalgie. La famille de la tête de liste des Verts s'y est cachée sous l'Occupation.

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publié le 3 mai 1999 à 0h51

Tarn-et-Garonne, envoyé spécial.

Madame Lassence et son mari sont sortis lui faire la bise quand il a sonné à l'ancienne cordonnerie, à Moissac, sur les quais du canal latéral. Daniel Cohn-Bendit est revenu. Pendant la Deuxième Guerre mondiale, ses parents, juifs et allemands, ont été cachés par les Lassence. C'est chez eux que Daniel est né en avril 1945. Le bébé a un peu changé. Il est surtout devenu tête de liste des Verts français aux élections européennes.

«Depuis 1945, je suis revenu une fois dans le Tarn-et-Garonne. L'année dernière.» Dany le Rouge ne cultive pas spécialement la nostalgie. S'il revient sur ces chemins, c'est pour mettre en évidence toutes les «bonnes raisons» d'être un fervent européen. Il y a d'abord le camp d'internement de Judes à Septfons, d'où son père a eu la bonne idée de s'évader avant la déportation des juifs qui s'y trouvaient avec quelques soldats polonais et républicains espagnols. «C'est incroyable, réfléchit-il en quittant les lieux. En 40, les autorités ne cherchaient pas à savoir si vous étiez pro ou antiallemand. Le seul fait d'être étranger suffisait à vous faire interner, comme étant a priori un ennemi de la patrie.» L'Europe serait, selon Cohn-Bendit, un fameux vaccin contre les nationalismes. Et il a le sentiment que le Tarn-et-Garonne y fonctionne comme une éprouvette. C'est là que toutes ses histoires se croisent. Sur les quais du canal à Moissac, le député européen a serré la main du sous-préfet de Castelsarrazin, qui suivait de