Nouméa correspondance
Dans l'obscurité de ce parking de la vallée du Tir, le vieux a attendu. Avec cette aisance que possèdent les Kanaks à traverser le temps sans s'accrocher au décompte des heures. La réunion électorale du FLNKS se déroule en fait à quelques centaines de mètres de là, mais une mauvaise adresse, publiée dans le journal local, a égaré les militants indépendantistes. «Il fait noir, a dit le vieux, c'est comme dans la case de Kanaky. On ne se reconnaît plus, on se cogne contre les murs et on se déchire.» Dimanche, les indépendantistes partiront en ordre dispersé aux élections provinciales.
Les dix années des accords de Matignon se sont accompagnées d'une lente usure du mouvement indépendantiste. Le difficile avènement de l'accord de Nouméa a scellé sa rupture. Parce qu'ils n'approuvaient pas, entre autres, le préalable minier imposé par le FLNKS pour que s'ouvrent les négociations, des leaders indépendantistes ont déserté la maison commune. Et pas des moindres, puisqu'il s'agit de personnalités comme Léopold Jorédié, président de la province Nord, ou François Burck, qui fut le successeur de Jean-Marie Tjibaou à la tête de l'Union calédonienne. Regroupés au sein d'une Fédération des comités de coordination des indépendantistes (FCCI), ils ont bénéficié d'une sympathie trop appuyée de la part du patron de la droite locale pour que le bénéfice du doute leur soit accordé par les autres.
Dans chaque accolade du président du RPCR, Jacques Lafleur, le FLNKS voit la m