Jean-Pierre Chevènement est incorrigible. Vendredi dernier, au plus
fort de la crise corse, il s'est éclipsé de son ministère pour une escapade au château de Genshagen, dans la banlieue de Berlin. Il y a prononcé un long discours, multipliant les références à Fichte et à Kleist, il a vanté la France, «mélange de peuples différents, Basques, Flamands, Catalans, Bretons, Corses», et a croisé le fer sur le rôle de la nation avec des personnalités allemandes, parmi lesquelles l'ancien président de la République fédérale, Richard von Weizsäcker. Sans prendre de gants, selon son habitude. Un conférencier: «C'était vif, mais intéressant.» Version d'un proche: «Il était content de parler enfin de choses importantes, de l'histoire allemande notamment, dont il est féru. Il était d'excellente humeur.»
Dos large. Abattu par l'affaire corse, le ministre de l'Intérieur? Moins que jamais. Il peste contre l'ordre «imbécile», «idiot», de mettre le feu à la paillote Chez Francis; il s'expose en brandissant à l'Assemblée la lettre du préfet Bonnet au grand dam de Jospin; l'opposition l'attaque" Mais son moral reste au beau fixe. Un conseiller: «Le ministre de l'Intérieur protège le Premier ministre. Il faut avoir le dos large, quitte à concentrer les critiques. Cela permet à Jospin d'apparaître modéré et rassembleur. C'est le job.» Lorsqu'il menace un député de droite de lui faire «rentrer ses mots dans la gorge», ce ne serait pas un dérapage: la réponse avait été préparée. «A cet instant-là,