Dans quelles conditions vous êtes-vous rendu en Serbie et au Kosovo? En quelle qualité le visa vous a-t-il été accordé, à titre individuel ou au nom d'une publication?
C'est à Skopje, en Macédoine, où j'ai passé plusieurs jours à parcourir les camps de réfugiés, que j'ai obtenu mon visa en faisant le siège de l'ambassade de Yougoslavie. Ils ont commencé par me le refuser, et je suis rentré à Paris, de guerre lasse. En débarquant à Orly, j'ai appris qu'il m'était finalement accordé (visa de huit jours) et suis reparti par l'avion suivant.
C'est à ma seule initiative que j'ai fait ce voyage, pour le compte et aux frais de Marianne. Il y a à Belgrade des dizaines de journalistes qui ont des visas de longue durée. A Belgrade, où j'ai refusé de rencontrer tout officiel, je n'ai vu que des opposants. J'ai demandé à M. Popovic, directeur d'Europe au ministère des Affaires étrangères, de me rendre au Kosovo. Encore une fois, deux refus consécutifs sur de vains prétextes de sécurité. C'est quand je montais dans ma voiture pour m'en retourner en Macédoine, après de violents échanges verbaux, que l'autorisation est arrivée. Peu après, une autre était accordée à un journaliste américain.
Vous affirmez que «trois cents écoles ont été touchées par les bombes». Avez-vous eu le temps de vérifier une telle information?
Vous avez raison sur ce point. Je n'ai vu que trois écoles atteintes par des éclats de bombes, aux vitres soufflées. Ce chiffre m'a été donné par un journaliste italien. C'est une information non vérifiée.
Vous accusez le porte-parole militaire de l'Otan d'avoir menti en affirmant qu'il n'y avait jamais eu d'«attaque» de civils. Laissez-vous entendre par là que l'Otan n'a pas reconnu toutes les erreurs de frappes commises?
L'Otan, m'a-t-il semblé (mais je peux me tromper), ne reconnaît que les «erreurs» qui lui sont signalées. Dans les campagnes du Kosovo, il y en a un certain nombre (que j'ignore, et pour cause) que les correspondants locaux découvrent avec retard, faute de moyens de co