Régis Debray met l'exode des Kosovars sur le compte de l'UCK, de la violence, de la peur diffuse et sur le même plan des frappes de l'Otan et des milices serbes. Or, nous savons que chaque fois qu'il a été difficile, ou impossible, d'aller sur les terrains d'exactions, comme au Cambodge des Khmers rouges ou en Ethiopie, ce sont les récits recoupés de réfugiés qui ont permis de dresser un tableau précis de la situation. A partir de ces récits, les rapports de Médecins sans frontières, de la FIDH (Fédération internationale des ligues des droits de l'homme) et de Médecins du monde ont clairement établi l'existence et l'exécution systématique d'un plan préparé, d'un programme de terreur et d'expulsions au Kosovo. On est en mesure de démontrer que cet exode est le produit d'une stratégie délibérée. Debray ignore le programme de reconquête du Kosovo par les nationalistes serbes et fait mine d'ignorer qu'un programme, justement, cela ne se voit pas. Il «oublie» le poids de la frénésie de mémoire chez les Serbes, il oublie Vukovar, Srebrenica et les épisodes sanglants de ces dernières années. Commis par des militaires et des paramilitaires serbes qui sont maintenant à l'oeuvre au Kosovo.
Il n'est pas étonnant que Debray s'appuie, pour sa démonstration, sur les médecins grecs de MSF, qui sont pro-Serbes, comme la majorité des Grecs d'ailleurs: la priorité, pour eux, c'est de porter secours aux Serbes, par le même renversement que fait aujourd'hui Debray en transformant l'agresseur