Le gouvernement était réuni jeudi soir en séminaire. Premières
retrouvailles, sans la surveillance du chef de l'Etat, depuis qu'a éclaté l'affaire corse. Pendant près d'une heure trente, il ne fut question que d'elle. Lionel Jospin a fait un exposé pédagogique sur le déroulement de l'affaire, et la manière dont il l'a vécue avec son cabinet. Il a reconnu avoir été «profondément troublé». Jean-Pierre Chevènement n'a pas été le plus loquace, il a notamment tenu à rappeler que le préfet Bernard Bonnet bénéficie, tant que l'enquête n'est pas achevée, de la présomption d'innocence.
Les ministres, qui ne sont pas directement concernés, ont tenu à dire leur mot sur le scandale de la paillote incendiée. Jean Glavany, ministre de l'Agriculture qui avait, en tant que député, présidé la commission d'enquête sur l'utilisation des fonds publics en Corse a fait long, expliquant que le préfet Bonnet a été «victime d'un système»: «Ils ont tué le préfet Erignac, ils ont fait disjoncter le préfet Bonnet», a-t-il affirmé, tout en décrivant l'enchevêtrement des milieux mafieux, nationalistes et politiques de l'île.
Martine Aubry comme Dominique Strauss-Kahn ont expliqué qu'en matière de législation sociale et fiscale, l'Etat de droit marque des points et que le gouvernement devrait le faire savoir. Il ne restait que trois quarts d'heure pour évoquer le Plan national pour l'emploi (PAN) que la France présentera en juin au sommet européen des chefs d'Etat et de gouvernement de Cologne. A sa sort