Epais comme un sandwich SNCF et éloquent comme une tranche de
pudding: dans une île où le verbe et les épaules comptent tant, il n'était pas certain que Jean-Guy Talamoni fasse une grande carrière. C'est cependant lui qui, aujourd'hui, tient l'une des clés de la crise corse, et il en use avec une remarquable intelligence. L'avocat bastiais de 38 ans est tombé dans le nationalisme quand il était petit. Fils d'autonomistes, membre à 16 ans d'un syndicat corsiste lycéen, il fait partie «de la première génération de l'après-Mai 68 qui n'a connu que le nationalisme». Il est membre dès 1989 de l'exécutif d'A Cuncolta, vitrine légale du Canal historique, mais joue les utilités. Ecrasé au barreau de Bastia par la personnalité flamboyante de Marie-Hélène Mattei, et dans le mouvement par Charles Pieri ou François Santoni, on lui confie en 1992, la tête de liste aux élections territoriales, de Corsica Nazione, la coalition électorale du mouvement, qui n'intéresse pas grand monde: le pouvoir financier et militaire n'est pas là.
Elu à l'assemblée grâce à une victoire historique des nationalistes, Talamoni ne pèse toujours pas lourd. Il faut attendre le départ de la coalition d'Edmond Simeoni, sorte d'icône vivante du nationalisme, pour que l'avocat trouve sa place qui, au vrai, ne dérange encore personne.
Mais en sept ans, après sa triomphale réélection cette année à l'assemblée, il a entièrement retourné le rapport de force. Quand les chefs d'A Cuncolta s'étripaient, il intervenait prudem