Mariette Sineau est directrice de recherches au CNRS-Cevipof et
spécialiste des questions de parité.
On constate une féminisation des listes à droite. L'opposition s'est-elle convertie à la parité?
La parité est entrée dans les moeurs, si l'on met de côté les partis d'extrême droite. La dynamique a été lancée aux législatives de 1997, avec les 30% de candidates imposés par Lionel Jospin. Les Cassandres annonçaient que les femmes inexpérimentées allaient faire chuter le PS, la droite avait préféré présenter des sortants. Depuis la victoire socialiste, la féminisation est perçue par la droite comme le point de départ d'une reconquête de l'électorat. Le moteur est électoraliste, et rien ne devrait arrêter cette dynamique. Pour ces élections européennes, on constate pourtant que les partis de droite n'ont pas réussi à instaurer la parité alors que les conditions les plus favorables étaient réunies: scrutin proportionnel par liste, focalisation sur cette question. A quoi attribuez-vous cette résistance?
A la pesanteur des idées, à la conception du rôle de la femme qui prévaut dans ce camp-là. Les hommes ont du mal à laisser leur pouvoir. Pourtant, en 1997, Nicolas Sarkozy reconnaissait que la victoire socialiste devait servir de leçon. Les conditions d'improvisation de la campagne ont peut-être empêché l'opposition de saisir le coche. Du coup, si les listes de droite réalisent un bon score, on pourra dire que la parité s'essouffle. Mais le véritable test, ce sont les prochaines lé