Strasbourg, de notre correspondante
C'est une question de conviction: «La loi Aubry est la première grande loi depuis vingt ans qui pose vraiment le problème du chômage et essaye de le résoudre.» Mais les affaires sont les affaires: «Je suis un patron favorable à l'aménagement du temps de travail, je ne suis pas un patron laxiste, et je ne fais pas du caritatif.» Dominique Artaud, 47 ans, PDG de Steelcase Strafor, entreprise de fabrication de mobilier de bureau (2 200 salariés en France, 4 500 en Europe), a l'enthousiasme indexé sur la productivité et les profits. Il n'empêche: il a engagé plusieurs des six sites français de son entreprise sur la voie des 35 heures, au nom de ses intérêts bien compris: pour les salariés, moins d'heures hebdomadaires; pour l'entreprise, plus de flexibilité. Deux accords ont déjà été signés; un troisième est en cours de négociation. Les actionnaires de l'entreprise, dont les capitaux sont 100% américains, n'y trouvent rien à redire: «On les a prévenus, mais cela ne fait l'objet d'aucune discussion particulière», explique Dominique Artaud. «Ce qu'ils veulent, c'est de la productivité. Pour le reste, ils le savent bien, quand ils investissent en Europe, qu'il y a cinq semaines de congés payés, des cotisations retraites ou les 35 heures.» Génèse. Tout a commencé en 1993. Le chômage explose, Steelcase Strafor encaisse le coup: quand les entreprises licencient, elles ont rarement besoin de matériel de bureau. Dominique Artaud dirige alors la divisi