La préparation de la seconde loi sur les 35 heures continue
d'alimenter les polémiques. L'impact de la réduction du temps de travail sur les emplois non qualifiés, rémunérés aux alentours du Smic, préoccupe aussi nombre d'économistes. Partisan d'un système contractuel et incitatif, Patrick Artus, directeur de la recherche à la Caisse des dépôts et consignations, dénonce les effets pervers d'une loi dirigiste et coûteuse. Entretien.
Que pensez-vous du dispositif d'allégements de charges patronales que le gouvernement conditionne aux accords 35 heures?
Tout cela relève d'un entêtement politique: contrairement aux dires du gouvernement, le passage aux 35 heures risque d'entraîner la destruction de 200 000 emplois dans les deux ou trois prochaines années. Si je comprends bien Martine Aubry, les salariés à temps plein continueront d'être payés 39 heures pour 35 heures de travail. Le Smic horaire va donc augmenter de 11,4%. Les allégements de charges liés à la signature d'un accord vont dès lors constituer une incitation à la réduction effective du temps de travail. Une incitation puissante mais insuffisante: en dépit de ces aides, le coût du travail au niveau du Smic va augmenter de 5%, d'où des destructions d'emploi. Penser que cette différence va être compensée par des gains de productivité, c'est méconnaître la nature du travail non qualifié en France.
Pourquoi?
En dehors d'industries spécifiques comme le textile ou le bâtiment, les secteurs qui emploient le plus de salariés au Smi