Philosophe et auteur d'un Eloge de la résistance à l'air du temps
(éditions Textuel), Daniel Bensaïd est membre du bureau politique de la Ligue communiste révolutionnaire (LCR).
La gauche radicale aujourd'hui, c'est juste un aiguillon? Notre ambition va au-delà. Il s'agit de savoir sur quel projet politique rebâtir aujourd'hui une gauche digne de ce nom, un projet qui ne se contente pas d'une version plus ou moins amendée de la dictature du marché. Il s'agit ensuite de rassembler les forces pour porter ce projet, de constituer une vraie «gauche de gauche», pour reprendre l'expression de Bourdieu.
Et pour constituer cette force, le marxisme reste une bonne base doctrinale?
Cela fait partie de l'héritage utile, hors de toutes pieuses vénérations. La pensée de Marx comme fondement d'une critique de la modernité marchande restera d'actualité tant que nous serons dans une société capitaliste. La meilleure preuve, c'est le baron Seillière en personne (président du Medef), ou encore la contre-réforme libérale qui nous ramène aux formes les plus impitoyables de l'exploitation. La révolution, le «grand soir», c'est toujours l'objectif ultime, ou vous êtes-vous converti à une transformation douce de la société?
La révolution ne se définit pas par la violence ou les embrasements. Etre révolutionnaire, c'est dire que le monde tel qu'il va mal n'est pas acceptable et qu'il est plus urgent que jamais de le changer. C'est un conflit, une lutte. Quant à la douceur de cette transformation,