Comme dans la première scène du Parrain, la biographie non autorisée de François Pinault s'ouvre sur le mariage grandiose de son fils dans les jardins du château de la Mormaire, l'une des somptueuses propriétés de l'ami intime du président de la République. Scène emblématique où s'étalent trente ans d'accumulation de richesses et de pouvoir: pour Pierre-Angel Gay et Caroline Monnot, cet événement mondain de l'été 1996 célèbre l'accomplissement d'un petit Breton de Trévérien, qui s'est hissé, à la force du poignet, au rang de «deuxième fortune française» derrière celle de Liliane Bettencourt.
Les auteurs, qui ont fouillé la vie de Pinault jusque dans les recoins de l'enfance, reconstituent l'itinéraire et la personnalité d'un homme avide, brutal mais aussi simple, parfois séducteur, fidèle à ses compagnons de la première heure. L'ouvrage démonte avec force détails parfois trop sa méthode ascensionnelle, ses «arrangements» avec les tribunaux de commerce, sa conception intrigante du monde des affaires et son talent à obtenir des centaines de millions de francs de subventions gouvernementales, sa rage accumulatrice, enfin.
Sans faire de révélations, les auteurs décrivent avec justesse l'acharnement de Pinault à se fabriquer des relations politiques. Dans les années 70, au début de sa carrière, ses amis politiques s'appellent Jean-Marie Le Chevallier (à l'époque patron des Jeunes Républicains indépendants à Rennes), l'actuel maire (ex-FN) de Toulon, qui lui présente Jean-Marie