Souverainiste. Exhalant un petit parfum québécois, le mot a fait son
apparition sur la scène politique à l'occasion de la campagne des élections européennes. Et toute une frange de la droite, qui se retrouve grosso modo derrière la liste du tandem Charles Pasqua-Philippe de Villiers, s'en est emparée. Pourtant, si le vocable est récent, l'idée, elle, n'est pas neuve. Face à la construction européenne, elle fait de l'Etat-nation le cadre indépassable de toute action collective. «L'abandon de la souveraineté nationale, c'est l'abandon de la souveraineté populaire et donc de la liberté, résume l'essayiste Paul-Marie Coûteaux. La question sociale est soumise à la question nationale, il est impossible de la poser sans la nation.» Les souverainistes rêvent donc d'éternel retour. D'un retour au temps d'avant, celui de «l'indépendance», de «la grandeur» de la France. Orphelins du «Général», ils usent de leur croisade antieuropéenne pour exhumer leur «certaine idée» de la France. Un rien Don Quichotte, «préférant la vérité à la réalité», comme l'admet Coûteaux, cette droite, pour laquelle le temps semble s'être arrêté, n'a qu'un mot à la bouche: la nation. Un talisman pour repousser l'hydre bruxelloise, supplétive, en ces temps de guerre au Kosovo, de l'Amérique honnie.
Mythe et verbe. «L'avenir est aux nations; notre rôle est de les encourager à être fières d'elles-mêmes.» Rapporté par Alain Peyreffite (1), ce propos de De Gaulle leur sert de feuille de route. D'envolées lyriques en