C'est le parti de l'étranger. La droite libérale française est
atteinte d'un tropisme anglo-saxon. Les Etats-Unis, la Grande-Bretagne à la rigueur, telles sont les mères patries de ceux qui font de l'Etat, de ses impôts et réglementations, l'irréductible adversaire. Et qui lui opposent les mots magiques de «compétition», «responsabilité individuelle» et «esprit d'entreprise». En France, le libéralisme, c'est l'histoire d'une greffe qui ne prend pas. «Parce qu'on le caricature sous une forme extrême, se lamente Jacques Garello, professeur à l'université Aix-Marseille-III. On en parle toujours sous le vocable d'ultralibéralisme"» Malentendu? Ou plutôt rejet inscrit dans les gènes d'un Etat colbertiste d'abord, jacobin ensuite, providence enfin?
Car cela fait près de trente ans que le libéralisme est reparti à l'assaut. Au début des années 70, coincés entre le nouveau roman, la nouvelle cuisine et les nouveaux philosophes, apparurent les «nouveaux économistes». Fondée par l'économiste Jacques Rueff, se revendiquant des pères fondateurs Jean-Baptiste Say et Frédéric Bastiat, l'Association pour la liberté économique et le progrès social (Aleps) se fixe alors pour but de «promouvoir l'idée de la liberté économique, moteur du progrès social». Au tournant des années 80, traumatisée par la perte du pouvoir, admirative de Margaret Thatcher et de Ronald Reagan, influencée par les écrits de Guy Sorman et du Figaro magazine, la droite se convertit. Lors des législatives de 1986, tous ses j