Reims, envoyée spéciale.
Alain Madelin se rase. Sans miroir, à la va-vite, à l'électrique, tout en continuant à exposer sa conception du fédéralisme européen, dans l'avion qui le conduit à Reims. Sans s'excuser, avachi dans le fauteuil de skaï. A la Madelin.
Zapping. Alain Madelin se barbe. Ça devient une habitude. Déjà, lors de la campagne des régionales, il traînait son ennui et sa mauvaise humeur, de salles en salles, de meetings en meetings. Pour cette campagne-ci, le second de la liste RPR/DL n'est guère plus heureux. Ces européennes, il les auraient bien zappées, laissées filer, sans se faire remarquer. «Ce ne sont pas des élections propices aux libéraux», explique-t-il. En prônant l'union de la droite il y a six mois, il espérait se faire oublier dans une liste mêlant les trois partis de l'opposition. Mais les velléités rebelles de François Bayrou, président de l'UDF, en ont décidé autrement. Il se retrouve numéro deux derrière le RPR Philippe Séguin, contraint de porter les couleurs de sa boutique, Démocratie libérale. Et le sort s'acharne. Séguin a abandonné, lui reste second derrière Nicolas Sarkozy, son cousin libéral chez les gaullistes. Le pire des scénarios. Au côté du premier, il pouvait encore faire passer son fonds de commerce. Derrière Sarkozy, qui drague sur les mêmes terres, il s'asphyxie. Conscient du danger, il tente vaguement de se tirer de cette galère, fait faire des sondages, envisage un instant de s'éclipser du jeu, ou de mener sa propre liste. P