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Libération

Rocard, inusable, repart en campagne. Dossiers sous le bras, il fait entendre sa différence.

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publié le 28 mai 1999 à 1h12

Il aurait pu, lui aussi, faire de la pub pour les piles longue

durée. Encore un rôle que Tapie lui a volé. Toujours là, Michel Rocard. Amoché, cassé, mais encore debout, et la matière grise en fusion. Abrité sous le numéro 5 de la liste socialiste, il fait campagne sans qu'une seule caméra n'ait pensé à le suivre. Nulle allusion au passé. Jamais. Juste quelques boutades façon dur à cuire: «Pour un type qui a dans la peau quelque 1 400 meetings, je ne commencerai pas par le rituel: je suis heureux d'être avec vous ce soir», s'amuse-t-il devant une petite salle parisienne.

Diktat des sondages. Au soir du 13 juin, un homme sans carrière ministérielle, et sans grande notoriété personnelle, offrira aux socialistes ce que lui-même n'a pas su ou pu leur apporter: un joli score. Pour mieux souligner sa performance, François Hollande devrait même rappeler les 14% de 1994. Faire de Michel Rocard l'étalon facile de son succès.

Ce soir-là, l'ancien chef de gouvernement revient sur les lieux de ses «crimes». Joué-lès-Tours, pas loin de Tours. C'est là qu'un jour d'octobre 1990, le Premier ministre de l'époque, faisant du Rocard, écornait la doctrine et expliquait notamment que les bonnes réformes sont celles qu'acceptent les Français. Que de socialistes n'ont-ils alors glosé sur cette soumission au diktat des sondages. C'est, depuis, devenu l'un des fondamentaux de la méthode Jospin. Mais en parler aujourd'hui à Rocard, c'est s'attirer une réponse plutôt sèche: «Je ne suis pas en pèlerina