Il y a un moment qu'il côtoie la célébrité. De Simone de Beauvoir,
qu'il voyait tous les mercredis dans ses dernières années, il a gardé deux choses: un code de conduite qui lui fait toujours précéder les dames dans les escaliers, car les suivre serait mettre ses yeux là où il ne faut pas; et aussi une collection de soldats de plomb offerte à la dame par Mao Zedong. Il peut aussi raconter longuement ses cours un peu partout dans le monde, aux USA, dans le Connecticut, par exemple. Là, il avait pour étudiant un fils de Robert Kennedy. Il ne se souvient pas de son prénom, simplement qu'il avait une jambe de bois.
Ça n'a peut-être pas grand-chose à voir avec la célébrité, mais Sami Naïr est aujourd'hui le numéro 3 sur les estrades socialistes. L'universitaire est passé en politique, sans coup férir. Là où il faut parler et briller, cet homme de 52 ans est à l'aise. C'est probablement la raison qui a poussé Jean-Pierre Chevènement à faire de lui la cheville ouvrière de son retour dans le giron socialiste. A peine quelques semaines de campagne derrière lui avec l'assurance d'aller siéger à Strasbourg, et déjà il affecte la distance: «La politique, j'y resterai pas très longtemps. C'est quoi, en fait, la politique? C'est une quête de reconnaissance. Et, moi, je n'ai pas besoin de ça.» Evidemment. Accord sur l'Europe. Sami Naïr est donc là pour servir les intérêts de Jean-Pierre Chevènement, dont il fut le conseiller aux affaires d'immigration au ministère de l'Intérieur. «Ils nous