Minuit. Aucune fée ne lui a prédit que c'est l'heure où sa voix s'éteindra, où l'électeur s'envolera. Alors, ce 21 mai, Besançon, Daniel Cohn-Bendit pousse la porte du Coconut Bar, à la recherche d'un dernier verre. Il a derrière lui conférence de presse, promenade dans la ville, meeting, repas avec les militants dans une brasserie. Et, sous les yeux, de grosses valises. A l'intérieur, dans la pénombre, musique, spots et jeunes qui dansent. Surpris, le DJ lance à pleins poumons: «Et nous accueillons Dany, le grand révolutionnaire de 68, yeah!» Lequel «Dany» commence à danser, boit de la tequila, bavarde de grappe en grappe. Ou encore ce 4 juin, une heure du matin, Chez Georges, la grande brasserie de Lyon. Un homme s'approche de la table: «Excusez-moi, mais je vous adore, vous pouvez me signer un autographe?» DCB se fait un plaisir. Il l'a déjà fait, un peu plus tôt, «pour Aline et Cyril». Passe un homme plus âgé qui pose discrètement un petit mot à côté de son assiette. «Merci pour ma jeunesse retrouvée. Merci pour le temps présent.» Cohn-Bendit le met dans sa poche.
Fait-il encore de la politique, celui qui prolonge si tard, jusqu'à plus soif, ses apparitions en province? La campagne des européennes de Cohn-Bendit, c'est aussi l'histoire d'un retour. C'est ainsi qu'il l'a voulu. Et tout se mélange. C'est plus qu'une pêche aux voix, c'est la recherche de regards et de miroirs. A ceux qui l'approchent comme on peut aller vers une vedette du cinéma ou de la