Colomiers (Haute-Garonne, envoyé spécial.
Jospin tel qu'il s'aime: soleil du Midi, accent du Sud, remise du maillot du club local de rugby (finaliste de la coupe d'Europe), moment de détente entre socialistes. En tenant, hier soir, à Colomiers, à 45 kilomètres de son fief de Cintegabelle, son deuxième meeting dans l'Hexagone, le Premier ministre a joué la sécurité. Plus que jamais dans la peau du présidentiable auréolé par les bons sondages, le chef du gouvernement s'est offert un bain de foule, une cure express de camaraderie partisane. Premier message de son discours: «On ne peut pas faire avancer ses idées en s'abstenant. J'appelle les Français à aller voter.» Et d'ajouter: «Si vous voulez une gauche forte au niveau européen, alors votez massivement» pour la liste Hollande.
Crainte des surenchères. Finalement, pour Lionel Jospin, cette élection européenne n'aura pas été ce mauvais moment à passer qu'il craignait. Fin 1998, à Matignon, le pronostic était incertain. Le Premier ministre s'inquiétait de voir sa chère coalition plurielle se distendre à l'occasion d'une élection que le mode de désignation proportionnelle rend propice à toutes les surenchères: surenchères entre ses alliés, avec un match Cohn-Bendit-Chevènement qui aurait pu tourner vinaigre; surenchères dans les attaques du PCF contre la politique du gouvernement. Il craignait aussi que la droite ne profite de l'occasion pour refaire son unité, pour le plus grand profit de Jacques Chirac.
Pour parer à l'avance l'im