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ELECTIONS EUROPEENNES. Qui peuple les meetings? «Nous sommes occupés par 30 millions de musulmans». Revanchards d'Algérie ou d'«Indo» pour écouter Le Pen.

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publié le 10 juin 1999 à 23h27

Nice, Saint-Martin-de-Crau, envoyé spécial.

Tout à coup, Gilbert prétend citer Mao: «La libération d'un pays occupé par un ennemi haï et détesté est une fleur sauvage et sanglante qui pousse au bout du fusil!» A 78 ans, le vieillard, si fier d'être «pied-jaune», revenu en France en 1972, s'anime. Il écarquille les yeux, hausse le ton et prend une mine exaltée: «Qui se refuse à défendre son pays ne mérite pas d'avoir une patrie!» Le flot est intarissable: «L'ennemi préfère toujours investir pacifiquement un pays plutôt que de lui déclarer la guerre. C'est ce que nous subissons aujourd'hui avec la guerre, non déclarée, afro-islamique. Il y a 30 millions de musulmans en France alors que les Allemands, dans les années 40-45, n'étaient pas plus de 500 000.» A bout de souffle, il hurle: «Nous sommes occupés par les bougnoules qui nous méprisent parce que nous sommes des lâches!» Salle de boxe. A ses côtés, deux jeunes le couvent d'un regard admiratif: «La France aux Français!», crie l'un, «On reprendra le pays au corps à corps, dans le sang», renchérit l'autre. Avant que son copain ne le tire par la manche: «Là t'exagères un peu, fais gaffe, c'est un journaliste.» Ce soir-là à Nice, ils sont un peu moins d'un millier à être venus écouter Jean-Marie Le Pen dans une salle de boxe. Peu de femmes et encore moins de jeunes entre les étalages qui offrent les oeuvres de Robert Brasillach et de Charles Maurras et une collection de gadgets à l'effigie de Le Pen. Le public, à forte compos