Officiellement, la guerre d'Algérie n'existe pas. L'Etat ne connaît
que les «opérations de maintien de l'ordre». Ce matin, l'Assemblée va débattre, et sans doute adopter, une proposition de loi sémantique: substituer l'expression «guerre d'Algérie» à celles d'«opérations de maintien de l'ordre en Afrique du Nord» dans tous les textes législatifs et réglementaires (1). Le socialiste Jacques Floch (Loire-Atlantique) est à l'origine du texte, mais les communistes et la droite lui ont emboîté le pas, en déposant leurs propositions. Appeler «guerre» la guerre d'Algérie est une vieille revendication des associations d'anciens combattants. Aucune formation politique n'entend aujourd'hui rater le tortillard de l'histoire. Lionel Jospin a donné son feu vert, il y a cinq semaines, pour que le groupe socialiste inscrive la proposition dans sa niche parlementaire.Et Jean-Pierre Masseret, secrétaire d'Etat chargé des Anciens Combattants, a poussé le dossier. Le 21 septembre 1997, il avait été le premier dans sa fonction à bousculer la fiction. «Permettez-moi d'utiliser l'expression guerre d'Algérie, je sais bien que c'était une guerre, tout simplement», avait-il lancé, en inaugurant un mémorial. Le «tout simplement» était peut-être présomptueux. En 1973 et 1974, lorsque les anciens d'Algérie avaient obtenu les avantages matériels des anciens combattants, on parlait, du bout des lèvres, de «conflit». En dépit des incantations littéraires du futur ministre de la Défense Chevènement «A to