Ce n'était pas la guerre, juste le service militaire. Début 1958,
les troufions qui découvrent l'Algérie au camp d'entraînement de Reghaïa apprennent à «tuer proprement». L'exercice a traumatisé Jacques Floch (PS, Loire-Atlantique), «à vie». A Palestro, en 1959, les appelés des commandos de chasse crapahutent nuit et jour à la recherche de fellaghas. Ce n'était toujours pas la guerre, à peine la «pacification». Jean-Marc Chavanne (RPR, Haute-Savoie) n'avait jamais quitté ses montagnes, ses neuf frères et soeurs, les dix vaches de la ferme paternelle, il avait peur, tout le temps: «Je me demandais si je reverrais un jour ma Haute-Savoie chérie. On avait des convois entiers qui se faisaient tuer.»
«Les gens s'en foutaient.» Janvier 1956, à Tizi-Ouzou: un autre député raconte d'une voix sourde sa première nuit algérienne, dans une compagnie qui avait perdu sept hommes au cours de la journée. «Les prisonniers qu'ils ramenaient, vous vous doutez qu'ils ont passé une mauvaise nuit.» Et lui a pleuré jusqu'à l'aube. Ils étaient jeunes, minces, bronzés, n'envoyaient que des photos radieuses. «Les gens s'en foutaient de ce qui se passait là-bas. Mais le prestige de l'uniforme, ça marchait encore», sourit François Colcombet (PS, Allier). «De toutes façons, on n'aurait pas fait pleurer sur notre sort. 1945, c'était pas vieux, fallait voir ceux qui étaient rentrés des camps», soupire Jacques Desallangre (MDC, Aisne).
«Ça se passait au sous-sol.» Il y a quarante ans, ces députés avaient 20