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Libération

ELECTIONS EUROPEENNES: Le va-tout grise Bayrou. Le centriste n'est pas épargné par les doutes.

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publié le 11 juin 1999 à 23h28

Ils sont mille et tapent dans leurs mains. Certains même scandent

son nom. Comme dans un vrai meeting. A Paris ce soir-là, sous le chapiteau dressé quai Branly, François Bayrou frémit. Il monte à la tribune, en musique et sous les banderoles. Trop d'émotions: il pique un fard. Même rougeur et confusion à Dublin quelques semaines plus tôt, quand le président du Parti populaire européen, Wilfried Martens, le présente au public irlandais comme «le futur Premier ministre de la France». «Why not?», répond la tête de liste centriste, les yeux dans les étoiles. Typique du Bayrou qui s'y croit. Planant. Montagnes russes. Autre lieu, autre scène. Il est ronchon, les sondages ne sont pas bons, et la fatigue tenace en cette fin de campagne marathon. Il vient de se faire la Bretagne, la Martinique et Bonn en trois jours. Il arrive à Arras, dans un centre d'aide à l'emploi. Mais l'ancien ministre est ailleurs, quelque part entre le Kosovo et les discussions diplomatiques qui annoncent le règlement proche du conflit. Alors, il interrompt soudain la réunion de chômeurs: «Où est le journaliste de l'AFP? Il va falloir que je fasse une déclaration.» La rencontre est expédiée en vingt minutes par un Bayrou distrait.

Le candidat a des humeurs en montagnes russes. Un jour gonflé à bloc, la tête en montgolfière, le lendemain stressé et rongé par le doute. Avec la peur de ceux qui vivent un vrai baptême du feu. Bayrou a osé un pari. Celui de faire route à part dans cette course aux européennes,