Dijon, envoyé spécial.
«C'est l'effet Arlette», plaisante Alain Krivine. Les deux organisations trotskistes font salle comble à chacun de leurs meetings communs et le porte-parole de la Ligue communiste révolutionnaire (LCR) est bien conscient que ce n'est pas lui qui rameute la foule. Comme à Dijon, dans la salle Clos-Vougeot du Palais des congrès, où ils sont plus de 500 à écouter les leaders de «la seule liste vraiment à gauche». Les militants de Lutte ouvrière comblent les premiers rangs ou se postent au fond de la salle afin de compter précisément le nombre d'auditeurs. «Sans baratin». Mais la grande masse est venue pour Arlette et son traditionnel «Travailleurs, travailleuses», débité sur un ton toujours aussi monocorde. Isabelle, étudiante, «aime bien le discours» de la porte-parole de Lutte ouvrière, «avec des mots justes et simples, naturels, sans baratin». Mais la dialectique communiste-révolutionnaire la laisse de marbre. «Je ne suis pas farouchement anticapitaliste, mais je me sens proche d'Arlette Laguiller quand elle défend les pauvres, les chômeurs. C'est vrai que les socialistes font une politique de droite, mais est-ce qu'ils ont vraiment le choix? C'est la réalité du monde.»
Jean-Pierre, l'instituteur, avoue que, lui non plus, n'a «pas vraiment la fibre révolutionnaire», mais le discours d'Arlette lui «fait chaud au coeur. Ça fait du bien d'entendre casser du patron. Il y en a marre de cette ambiance lénifiante, de cette sauce libérale que nous servent nos d