Avec lui, ce n'est jamais fini. On croit Jean-Pierre Chevènement
calmé, exclusivement tourné vers ses responsabilités ministérielles, et en plein Conseil des ministres, il enfourche son cheval de bataille: le sort réservé aux Serbes. Il a de la suite dans les idées, lui qui, au début du conflit avait usé du philosophe allemand Enzensberger pour désapprouver à mots couverts l'intervention occidentale au Kosovo. Dans «le travail de pacification» effectué par la Kfor, a-t-il dit hier, il faut que «tout le monde soit désarmé pour éviter l'élimination des Serbes civils». Continuité. Autour de la table, personne n'a commenté, ni le Premier ministre, ni le président de la République. Jeudi dernier, le ministre de l'Intérieur avait déjà plaidé pour le «maintien de la minorité serbe» au Kosovo, l'un des devoirs incombant à la force internationale sur place. Il est dans la logique qu'il développe depuis le début des hostilités dans les Balkans: cette guerre, menée par l'Otan au nom des droits de l'homme, est non seulement injuste mais illusoire; elle consiste tout juste à permettre aux Etats-Unis de prendre durablement pied sur le continent européen. Et, s'il n'a pas fait montre de pareil compassion pour les Kosovars d'origine albanaise, c'est que leur sort n'avait pas besoin d'«une voix supplémentaire», explique un de ses conseillers. Dès lors que la paix semble l'emporter, Chevènement veut des garanties. Ainsi, a-t-il opéré un distinguo entre «la reconstruction» des infrastructure