Le vote Daniel Cohn-Bendit (DCB), effet du «poulet fou»? Le ministre
de l'Intérieur, dès dimanche soir, a fait sienne cette thèse. Elle a le mérite du confort pour qui n'aime pas trop le mouvement, pour qui aime bien la gauche chromo, «naphtaline», dirait Dominique Voynet. Il suffirait que le poulet revienne à la raison pour que le vote s'évapore. Mais que la dioxine ait un effet dopant sur le suffrage vert reste pourtant à démontrer. Car la sociologie du vote Cohn-Bendit indique surtout que l'électorat de l'ancien maire adjoint de Francfort n'est pas" écologiste. A preuve, il a plus voté socialiste que vert aux législatives de 1997; plus Jospin que Voynet au premier tour de la présidentielle de 1995; plus Rocard que Isler Béguin aux européennes de 1994 (lire ci-contre). Hors cadre. C'est dire si le vote DCB est dérangeant pour le Premier ministre et son" ministre de l'Environnement. L'ancien héraut de 68 a agrégé autour de sa personne l'électorat traditionnel des Verts, ce qui est bien normal, mais aussi une partie de qui était autrefois la deuxième gauche rocardienne. Au sein même du PS, le socialisme jacobin, gestionnaire et républicain du Premier ministre a donc ses déçus. Ce n'est pas vraiment une surprise pour Jospin. Depuis longtemps, il a théorisé l'existence d'une gauche «droits-de-l'hommiste» qu'il voit plutôt nichée dans les beaux quartiers, qu'il sait opposée à sa politique sur l'immigration et qu'il croit décalée par rapport aux aspirations des «milieux populai