Ça ne mange pas de pain et cela permet à bon compte d'assouplir sa
réputation de rigide. Depuis l'élection européenne, Lionel Jospin fait la sourde oreille aux demandes des Verts de voir le score de la liste Cohn-Bendit se traduire dans le fonctionnement de la majorité plurielle. Hier, devant le groupe socialiste à l'Assemblée nationale, pour sa première intervention politique depuis le scrutin, le Premier ministre a réitéré le message, mais il l'a assorti d'une nuance calculée: «Les résultats des formations politiques de la majorité ne sont pas de nature à nous faire reconsidérer nos modes de travail au sein de la majorité ni, aujourd'hui, la place que chacun occupe dans ce dispositif.» Tout est dans le «aujourd'hui». Et il a ajouté: «Il est de ma responsabilité d'interpréter, au plan gouvernemental, les évolutions politiques.»
Quelles évolutions? Lionel Jospin joue sur les mots: il ne s'agirait, en l'état actuel, que de donner à Dominique Voynet l'occasion de sortir de son pré carré des dossiers environnementaux. La ministre en avait d'ailleurs formulé le souhait lorsqu'elle avait rencontré le chef du gouvernement, le 14 juin. Mais ce changement de poste reste très hypothétique: il ne repose que sur le bon vouloir" de Kofi Annan, secrétaire général de l'ONU. La France appuie la candidature de Bernard Kouchner au poste d'administrateur civil pour le Kosovo. Cette candidature n'est probablement pas aussi solide que celle de l'Italienne Emma Bonino, mais Matignon en joue ouver