Les députés ne se sont pas bousculés hier à l'Assemblée nationale.
Ils étaient un peu plus d'une trentaine à écouter la garde des Sceaux leur présenter son projet de loi réformant les rapports entre le ministère de la Justice et les procureurs. Le texte est pourtant d'importance. C'est même le point clé de la réforme de la Justice engagée par Elisabeth Guigou: «Ce texte consacre d'abord la rupture, effective depuis deux ans, avec les pratiques d'intervention directe et occulte dans le cours de la justice». Et mettant en garde les députés des risques politiques à ne pas voter sa loi, elle a prévenu: «Aucun gouvernement ne pourra plus sortir indemne des tentatives de manipulation de la justice. Je le sais comme vous tous ici le savez».
«Rupture». Le matin, Lionel Jospin avait rencontré le groupe socialiste pour leur parler entre autres du projet de loi Guigou. Une «étape décisive» selon lui, qui «consacrera une rupture radicale avec les pratiques du passé». Et, pour rassurer ses amis inquiets, le Premier ministre a tenu à préciser: «Faut-il redouter l'avènement d'une "République des juges?. Je ne crois pas que nous soyons menacés par un retour aux parlements de l'Ancien Régime.
Lionel Jospin avait déjà eu l'occasion de calmer l'hostilité des députés de sa majorité devant un texte qui leur déplaît. Aussi, hier a-t-il abondé dans le sens de ceux qui réclament en contrepartie d'une plus grande autonomie des magistrats du parquet, une responsabilisation accrue: «Oui, il est just