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Libération

Mission accomplie, la fondation Saint-Simon s'autodétruit. Le club avait été créé en 1982 pour réconcilier la gauche et le marché.

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publié le 23 juin 1999 à 23h08

Bête noire des souverainistes et des anticapitalistes de tout poil,

la Fondation Saint-Simon a décidé hier de tirer sa révérence. La décision, plusieurs fois caressée depuis quelques années, a été prise à l'unanimité des six membres de son conseil (1). «Pierre Rosanvallon (le secrétaire général) l'a proposé, et en moins de dix minutes c'était décidé», raconte un de ses participants, qui ne cache pas son plaisir de surprendre par cet «autodafé anarchiste décidé depuis le prétendu coeur de l'establishment». La mort, préférée à l'institutionnalisation, est programmée pour le 31 décembre.

Créée en 1982 pour réconcilier la gauche française avec l'entreprise et l'Europe, la Fondation Saint-Simon n'a plus vraiment de raison d'être: le gouvernement socialiste achève la privatisation des entreprises concurrentielles, favorise la flexibilité dans les entreprises, lance l'euro.

Rencontre. Pierre Rosanvallon parle d'«une histoire accomplie», titre de l'article du Monde dans lequel il a annoncé hier cet effacement. On entend: «mission accomplie». Dans les années 1980, à une époque où la gauche était encore «majoritairement empêtrée dans les archaïsmes intellectuels et politiques», comme l'écrit Rosanvallon, la fondation avait organisé la rencontre d'intellectuels et d'hommes d'entreprises, et avait fait discuter ensemble la gauche «moderne» et la droite ouverte. Dans les années 1990, l'accent avait été mis sur sa fonction de Think Tank à la française, producteur de notes et de livres. La f