Il blaguait à peine, Jean-Pierre Chevènement, lorsqu'il glissa un
jour de Conseil des ministres à Dominique Voynet: «Je crois bien que l'anesthésiste était de Dole.» Que celui qui a failli mettre fin à ses jours vienne des terres de la ministre de l'Environnement, elle-même anesthésiste de profession, ne l'étonnerait finalement pas plus que ça. Il sait qu'elle le déteste. Elle sait que c'est réciproque.
«Incapacité». Les deux ministres ne se parlent plus que lorsque leurs dossiers les y obligent. Il ne manquait à cette aversion, encore contenue pour cause de protocole et de surveillance jospinienne, que l'irruption de Daniel Cohn-Bendit et son parler spontané. Lui a fait son numéro sur Chevènement tous les soirs de meeting, et il ne prend pas de gants dans l'Evénement de cette semaine: «Après son dramatique accident d'anesthésie, Jean-Pierre Chevènement a droit à une retraite anticipée méritée. Je n'arrive pas à comprendre pourquoi il s'accroche à un poste de ministre de l'Intérieur qu'il a bien du mal à occuper. Qu'il s'agisse du Kosovo ou des sans-papiers, il démontre, depuis quand même un certain temps, son incapacité à décrypter la réalité.»
Depuis les résultats des européennes, c'est l'escalade. «Effet dioxine», avait maugréé le ministre de l'Intérieur, le soir du 13 juin, en commentant le score des Verts. Quelques jours plus tôt, il demandait même à des journalistes s'ils présenteraient leurs excuses aux lecteurs pour avoir tant parlé de Cohn-Bendit, programmé, selon lui