Au perchoir, le président de séance, Raymond Forni, s'amuse. Il
avale les mots, l'opposition défend ses nombreux amendements. «Avis défavorable», répond invariablement Elisabeth Guigou. C'en est au point que parfois Jean-Luc Warsmann (RPR) proteste: «Je déplore la manière dont se passent les débats et que les réponses ne tiennent qu'en un mot, "défavorable. Les débats, normalement, servent à se poser des questions juridiques.» Ça n'a pas traîné. A toute blinde, la nuit dernière, les députés (PS, PCF, Verts) ont adopté les douze articles de la loi Guigou sur les liens qui devront désormais unir le ministère de la Justice et les procureurs. Le vote solennel sur l'ensemble du texte aura lieu mardi.
Au final, la garde des Sceaux peut être satisfaite. Malgré les barouds d'honneur de sa majorité, aucun amendement n'est venu changer la philosophie de son texte. Quand sa loi sera définitivement adoptée, les magistrats du parquet auront gagné un peu d'autonomie, puisque les instructions du ministre seront interdites dans les dossiers particuliers. En échange, la ministre de la Justice leur enverra des directives de politique pénale qu'ils devront appliquer, et les procureurs généraux verront leur pouvoir hiérarchique renforcé sur leurs subordonnés.
Discipline. Bien que sans enthousiasme, les socialistes se sont pliés à la discipline de parti, comme le leur avait demandé le Premier ministre. Même Jacques Floch (PS, Loire-Atlantique) a fini par s'incliner vers minuit, retirant sa proposi