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Portrait

Carlos Ghosn. Auto-riz-thé

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Carlos Ghosn, 45 ans. Réputé pragmatique, le no 2 de Renault s'installe au Japon pour redresser le géant Nissan, en capilotade.
publié le 26 juin 1999 à 23h05

«Ici, c'est trop froid. Venez dans mon bureau. C'est celui d'Hanawa. Il me l'a laissé"» On n'a pas trop de mal à croire Carlos Ghosn lorsqu'il dit qu'il se sent «bien» au Japon. Tout juste nommé numéro 2 de Nissan, il squatte déjà le bureau de son président, Yoshikazu Hanawa. Un autre aurait peut-être refusé l'offre. Lui n'hésite pas. A l'aise et sans complexes. «Les Japonais sont tellement gentils!» On sent chez lui une jubilation à se retrouver assis dans ce fauteuil avec pour mission de redresser le géant Nissan, en difficulté pratiquement depuis le début des années 90. «Quand les négociations ont commencé, je me suis dis: "Tiens, tu ne vas pas tarder à être mis à contribution. Ça n'a pas loupé!» La tâche est titanesque, mais il y a du Sisyphe chez cet homme, dont le regard, déséquilibré par une paupière plus fermée que l'autre, alterne clin d'oeil charmeur et promesse de défi. Les situations de crise, il adore. «La crise, c'est l'opportunité. On n'a pas le choix, il faut agir vite.» Chez Nissan, il va être servi. L'entreprise a perdu de l'argent sept fois en huit ans et recule sur tous les marchés. Recevant en bras de chemise, l'homme est ouvert, direct. Le contraire du patron japonais guindé. Il s'exprime d'une voix grave et posée, dit des choses simples, va droit au but. Efficace, rapide, précis. Mais lorsqu'il s'agit de parler de lui, Ghosn devient un peu" japonais, évoque ses origines mélangées, manière de brouiller les pistes et de ne se livrer que par bribes. Il ai