Selon André Guelfi, c'est l'histoire du chèque «pour faire stopper l'article». Un chèque d'un million et demi de francs qu'il a remis, le 6 octobre 1993, à un ami de Françoise Sagan dans l'espoir de faire stopper un méchant article à paraître dans le Monde. Sauf que le Monde n'était évidemment pas au courant. Et que l'article lui-même n'était qu'une chimère.
La brigade financière enquête aujourd'hui sur cette micro-affaire dans l'affaire Elf. Guelfi, alors intermédiaire très en cour chez Elf-Aquitaine, avait tenté d'associer Sagan, toujours bien vue de François Mitterrand, dans des tractations pour installer le groupe Elf en Ouzbékistan. Dès 1992, la romancière joue la messagère auprès de Mitterrand. Elle lui transmet une lettre d'Islam Karimov, le président ouzbek. Elle obtient un rendez-vous à un ministre de passage. Elle introduit Guelfi auprès du conseiller diplomatique de l'Elysée. Sagan espère des commissions, tout comme l'un de ses amis, Marc Francelet, éphémère rédacteur en chef adjoint de VSD dans les années 80. Compte tenu de ses perspectives avec Elf, Guelfi fait plusieurs chèques à l'écrivain, pour un total de 9 millions de francs quand même.
Les larmes de Françoise Sagan. Au mois d'octobre 1993, Françoise Sagan appelle Guelfi «pour une affaire urgente et grave». C'est l'article. Il la retrouve chez elle, Francelet est présent. «Ils m'ont fait prendre connaissance d'un article de 4-5 pages qui devait paraître dans le Monde, relate Guelfi. Un articl