Ce soir, l'Assemblée nationale examine en quatrième et dernière
lecture le texte sur le Pacs (pacte civil de solidarité). Si la droite fait durer le plaisir de l'obstruction, celui-ci ne sera définitivement adopté qu'à la rentrée. Mais, si le vote intervient avant minuit, fin de la session ordinaire, le Premier ministre endossera alors immédiatement la paternité d'un enfant qu'il n'a pourtant pas désiré. Car, lorsqu'il arrive au pouvoir, Lionel Jospin entendait seulement apporter des réponses aux problèmes quotidiens rencontrés par les couples homosexuels. En 1996, lors de la convention sur la démocratie, c'est en passant outre ses réticences que le Parti socialiste avait adopté le principe de ce qui s'appelait encore le contrat d'union social (CUS). Deux ans plus tard, Matignon l'admet: au fil des débats, le Pacs n'a cessé de «s'enrichir» pour devenir un véritable mariage bis et, de tous les préalables que le Premier ministre avait posés, un seul a été respecté: le pacte ne sera pas signé à la mairie. Retour sur les coulisses d'une grossesse législative, pas toujours désirée.
3 mars 1998: Jospin, parrain de l'enfant à naître Ce jour-là, au petit-déjeuner, le Premier ministre reçoit, entre autres, Elisabeth Guigou, ministre de la Justice, François Hollande, numéro un du PS, et Catherine Tasca. Celle-ci, présidente de la commission des lois, est devenue une farouche partisane du CUS, proposition de loi déposée en juillet 1997 par le groupe PS. Au cours de cette réunion, Jospi