Saint-Etienne-en-Dévoluy, envoyé spécial
L'ambiance est étrangement calme. Sous le soleil qui frappe en cette fin d'après-midi, les insectes se sont tus. Un paysan sur un tracteur sans âge coupe son foin, comme si de rien n'était. Entre ces sommets des Hautes-Alpes, au nord de Gap, dans une lumière extraordinaire, c'est juste un endroit très beau et très triste. Deux lacets plus haut, au lieu-dit L'Enclus, à 1 500 m d'altitude environ, on atteint la gare de départ du téléphérique. Un hangar de tôle grise. La porte est entrouverte. A l'intérieur, des médecins en blouse blanche et gants de plastique jaune préparent les corps que les familles attendent depuis le matin, plus bas dans la vallée. Puis des pompiers qui ont revêtus sur leur uniforme des sacs poubelles découpés, un masque sur la bouche, sortent les dépouilles emballées dans du plastique, une par une, sur des brancards. Pas de bruits, pas de cris, pas de précipitation. La routine de l'horreur.
Choc. Quelques secouristes sont assis par terre avec un médecin, beaucoup sont choqués: gens du pays, ils connaissaient certaines des victimes. Malgré cela, chacun vaque dans le calme à ses occupations : après la levée des corps, un examen médico-légal sommaire, une mise en l'état des cadavres, avant l'identification formelle. «Une opération difficile, délicate et douloureuse», dira le procureur de Gap, Michel Selaries. Il est 17 heures. L'accident de 7h15 semble lointain. La cabine accidentée est tombée