Y a-t-il une vie après le FN? Cruciale pour les frères ennemis de
l'extrême droite, la question se pose aussi pour leurs plus farouches adversaires. Lepénistes et mégrétistes ne sont pas les seules victimes de la débâcle électorale: elle contraint les militants anti-FN à se remettre aussi en question. Entre ravissement, méfiance et incrédulité, les associations de lutte contre l'extrême droite s'interrogent sur la suite à donner à leur action. Ébranlées dans leur raison d'être, elles craignent que, jugeant le combat gagné, leurs troupes ne se démobilisent.
Rares sont les organisations qui, tel le Manifeste contre le FN, jugent sans détour qu'«une page se tourne». «Ils ne s'en relèveront pas, explique son porte-parole, Eric Osmond. Une période qui a sa cohérence se termine. Il faut être aveugle pour le nier. Ce n'est pas parce qu'il y a des antifascistes qu'il y a forcément des fascistes.» Un «cycle» à propos duquel le Manifeste organise à partir d'aujourd'hui à la Sorbonne, à Paris, trois jours de rencontres entre militants politiques, associatifs et syndicaux pour dresser le bilan de «quinze ans de lutte contre le FN».
Désertion. Même son de cloche du côté de SOS-Racisme dont le président, Malek Bouthi, juge que «l'extrême droite n'a plus de perspectives politiques dans le pays: Le Pen est en fin de course et le sort de Mégret est scellé». Mais à crier victoire, les associations anti-FN s'exposent à la désertion de leurs militants. Pour endiguer ce risque, elles n'hésitent pas