Belfort envoyée spéciale

Les relations mouvementées entre Jean-Pierre Chevènement et Dominique Voynet au niveau national ont leur réplique locale dans le fief du ministre de l'Intérieur, voisin de celui de son homologue de l'Environnement, Dole. L'objet du litige belfortain, c'est l'usine d'incinération du district. Les Verts, relayés par le ministère de l'Environnement, réclament depuis plusieurs mois la fermeture de l'un des deux fours de l'incinérateur, jugé trop dangereux. Le 28 avril, Dominique Voynet menace le préfet d'une action devant la justice administrative pour cause d'inertie. Le représentant de l'Etat, sous la tutelle hiérarchique du ministre de l'Intérieur, se garde bien d'exécuter les consignes du ministère de l'Environnement.

L'estocade est portée deux jours avant les élections européennes: Dominique Voynet a profité d'un meeting à Belfort pour annoncer, sans prévenir Jean-Pierre Chevènement, un dépassement des normes européennes de dioxine repéré dans un élevage laitier situé à proximité de l'usine: 6,13 picogrammes par gramme de matière, quand la limite autorisée est de 5. Fureur du ministre de l'Intérieur qui, oubliant ses principes républicains, qualifie de «tracassière» la «conception de l'application des lois» des écologistes. Jacky Drouet, maire de Belfort, raille «les grandes peurs millénaristes». Les Verts ripostent par une manifestation ­ avec le soutien de la droite ­ à Belfort, «où on n'a pas prononcé le nom de Chevènement», jure leur porte-parole,