Lille, envoyée spéciale.
C'est une usine à bonbons. Ça sent le sucre, le chocolat, les caramels mous et les 35 heures. Lionel Jospin y cherchait, hier, une petite douceur, l'échantillon flatteur d'une politique, un petit moment pour dire qu'avec lui ça marche. Le choix était plutôt judicieux. Chez Lamy et Lutti, à quelques kilomètres de Lille, c'est au pire acidulé. C'est loin des aigreurs, des sarcasmes et des doutes qui, ailleurs, entourent la préparation de la seconde loi sur la réduction du temps de travail.
A l'entrée, le Premier ministre est accueilli par la direction, mais aussi par les délégués syndicaux, très légèrement en retrait. Félicitations immédiates du Premier ministre: «Il vous a fallu dix-huit réunions, je crois!» Les syndicalistes, des femmes, rosissent. Blouse et bonnet blanc, Lionel Jospin a fait son tour des ateliers. Le long des murs, les salariés alignés attendent un mot, une poignée de main. Jospin savoure, parfois s'attarde. La visite terminée, il s'installe autour d'une table pour un grand moment consensuel. Patrons à droite, Jospin, Martine Aubry, Pierre Mauroy et préfet au milieu, et, à gauche, les syndicats CFDT, CGT, FO et CGC.
46 embauches. Le premier mot sonne bizarrement. C'est que le directeur général commence par remercier le gouvernement de lui avoir offert «la flexibilité» dont «l'entreprise avait un grand besoin»: «Les 35 heures sont pour nous une vraie opportunité.» Le système est le suivant: les salariés qui travaillent à la product