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Interview

Faut-il sauver la droite? (2): Jean-Louis Bourlanges. «La révolution libérale rend l'opposition schizophrène». Pour l'eurodéputé UDF, la synthèse gaulliste ne fonctionne plus.

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publié le 8 juillet 1999 à 23h48

Trois défaites électorales en trois ans! Confrontée à sa plus grave

crise depuis la naissance de la Ve République, comment la droite peut-elle se refaire? La réponse de Jean-Louis Bourlanges, député européen (élu sur la liste UDF de François Bayrou) qui plaide pour «une pluralité organisée» de la droite en vue de l'élection présidentielle de 2002.

D'où vient cette crise identitaire dans laquelle s'enfonce la droite scrutin après scrutin?

Sans aucun doute de l'évanouissement de l'exception française, de la remise en cause de l'idéologie jacobine. Depuis le milieu du XVIIIe siècle, trois certitudes dominent la conscience politique: la confiance dans le progrès et les lendemains qui chantent, l'identification «hugolienne» du destin de la nation au salut de l'humanité et enfin la confiance dans les vertus de l'Etat et d'une conduite volontariste des affaires publiques. Or, paradoxalement la remise en cause très rapide de cette idéologie qui a structuré le discours de la gauche, pénalise surtout la droite.

Pourquoi la droite ne réussit-elle pas à s'adapter à cette mutation?

Parce que le gaullisme a très fortement investi le champ idéologique du jacobinisme, ce qui a d'ailleurs permis à la droite, minoritaire au début du XXe siècle, de disposer pendant longtemps d'une majorité populaire, large et solide. Or, ce qui fut dans les années soixante une synthèse entre Louis XIV et Rousseau, entre le nationalisme et l'acceptation de la concurrence internationale, entre le capitalisme et la Sé