A se donner du temps, Lionel Jospin a pris le risque de faire parler
et de nourrir les espoirs. Et de donner au remplacement de Bernard Kouchner au poste essentiellement technique de secrétaire d'Etat à la Santé une signification politique. Du coup, à Matignon, au PS et surtout chez les Verts, ça phosphore. Avec une question clé: à cette occasion, au lendemain des élections européennes et du score de Daniel Cohn-Bendit, Dominique Voynet, actuelle ministre de l'Environnement et de l'Aménagement du territoire, prendra-t-elle du galon? Indice. Vendredi dernier, apprenant depuis Moscou la décision de Kofi Annan de nommer Bernard Kouchner administrateur civil de l'ONU pour le Kosovo, Lionel Jospin a fait ce commentaire à ses proches: «Je n'ai pas du tout l'intention de me dépêcher pour le remplacer.» Hier, le Journal officiel a publié le décret présidentiel mettant fin officiellement aux fonctions de Kouchner. Mais le calendrier reste le même à Matignon: a priori, aucune décision ne sera prise avant septembre. Ce qui constitue en soi un indice: si tel était le cas, le remaniement donnerait alors le ton de la rentrée politique.
Mardi matin, Lionel Jospin a longuement abordé le sujet avec François Hollande, au cours d'un petit déjeuner en tête à tête. Mercredi, en fin d'après-midi, le numéro un du Parti socialiste s'est rendu au ministère de l'Environnement pour un entretien «politique» avec Dominique Voynet. Elle lui avait demandé ce rendez-vous au moment où la po- lémique entre J