Bretagne, envoyé spécial.
Régionaliste, Jean-Yves Cozan, vice-président du conseil régional de Bretagne, l'est jusqu'à sa cravate frappée d'hermines. Sans concession. Ce colosse barbu aux allures de vieux barde buriné, étiqueté centriste, brocarde «le diplodocus parisien», la «centralisation devenue aujourd'hui intolérable» et revendique pour sa Bretagne le statut de région autonome, dotée de plus de compétences et de pouvoirs que ne lui en donne actuellement la décentralisation. Sulfureuse il y a encore vingt ans, défendue par une poignée de militants qui n'hésitaient pas à dénoncer «l'Etat colonial français», l'idée a fait son chemin. Au point de ne plus heurter grand monde, ni à droite, ni à gauche.
Pourtant, la décision du président de la République de ne pas réviser la Constitution pour permettre l'application pleine et entière de la charte européenne des langues régionales a été vécue «sans déception, ni surprise» dans l'ouest de l'Hexagone. «Nous nous y attendions, soupire Christian Guyonvarc'h, porte-parole de l'Union démocratique bretonne (UDB). Mais le symbole aurait été fort.» «On nous a arraché la langue de notre palais d'enfant», dénonce Jean-Yves Cozan. Les Bretons ont mis deux générations à la retrouver.
Bilinguisme. Aujourd'hui, pas un panneau indicateur qui ne porte le nom des villes en breton et en français. A Lorient, la municipalité a décidé que toutes les indications dans les édifices publics et toute la signalétique de la ville seraient désormais bilingue